frontalier suisse en voiture
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Permis G : Toutes les spécificités, en détails.

Sur le plan administratif, le travailleur frontalier bénéficie d’un permis G, délivré par les autorités cantonales suisses. Ce document officiel vous autorise à travailler en Suisse sans y résider de manière permanente.

Permis G (frontalier) : réservé aux travailleurs résidant à l’étranger dans une zone frontalière, qui exercent une activité professionnelle en Suisse. Valable 5 ans pour un CDI, ou la durée du contrat pour un CDD (minimum 3 mois, maximum 1 an renouvelable). Obligation de rentrer au domicile au moins une fois par semaine.

Le permis G se distingue donc par son caractère transfrontalier : vous travaillez en Suisse mais vivez à l’étranger, contrairement aux permis B et C qui supposent une résidence effective sur le territoire suisse.

Pour obtenir le statut de frontalier avec un permis G, vous devez impérativement disposer d’un contrat de travail avec un employeur établi en Suisse et résider dans une zone frontalière légalement définie.

Les zones frontalières définies par la loi

La législation suisse délimite précisément les zones depuis lesquelles vous pouvez prétendre au statut de frontalier. Ces zones varient selon votre pays de résidence :

France : vous devez résider dans un périmètre de 30 kilomètres maximum à vol d’oiseau de la frontière suisse. Les départements concernés sont :

  • La Haute-Savoie (74) – entièrement éligible
  • L’Ain (01) – entièrement éligible
  • Le Doubs (25) – entièrement éligible
  • Le Jura (39) – entièrement éligible
  • Le Territoire de Belfort (90) – entièrement éligible
  • Le Haut-Rhin (68) – partiellement éligible (seules les communes situées dans la bande des 30 km)
  • La Savoie (73) – partiellement éligible (uniquement certaines communes proches de Genève)

Il est absolument crucial de vérifier que votre adresse exacte se situe bien dans cette zone légale avant de postuler à un emploi en Suisse ou de déménager, car vivre hors de cette zone vous fait perdre automatiquement votre statut de frontalier.

Le statut de frontalier est strictement encadré par les accords bilatéraux entre la Suisse et l’Union européenne (Accord sur la libre circulation des personnes, signé en 1999 et entré en vigueur en 2002), ainsi que par les législations cantonales qui peuvent varier d’un canton à l’autre.

Variations cantonales dans l’application du statut frontalier

Bien que le cadre général soit défini au niveau fédéral, chaque canton suisse dispose d’une certaine marge de manœuvre dans l’application des règles concernant les travailleurs frontaliers. Voici les principales différences que vous pouvez rencontrer :

Délais de traitement des demandes

Certains cantons comme Genève ou Vaud, qui accueillent un grand nombre de frontaliers, ont des processus plus rodés et traitent les demandes en 2 à 3 semaines. D’autres cantons moins habitués peuvent prendre 4 à 6 semaines.

Autorité compétente

Dans certains cantons (comme Genève), c’est l’Office cantonal de la population et des migrations (OCPM) qui gère directement les permis G. Dans d’autres cantons (comme Zurich ou Berne), l’employeur dépose la demande auprès des autorités migratoires cantonales, mais le processus est plus centralisé.

Exigences documentaires

Les documents demandés peuvent légèrement varier. Par exemple, certains cantons exigent un extrait de casier judiciaire du pays de résidence, d’autres non. Genève demande systématiquement une photo d’identité récente, tandis que d’autres cantons l’acceptent mais ne l’exigent pas toujours.

Fiscalité spécifique

C’est ici que les différences sont les plus importantes. Les frontaliers travaillant à Genève sont soumis à un impôt à la source avec accord de rétrocession : la Suisse retient l’impôt mais reverse une partie (3,5% du salaire brut) aux communes françaises frontalières. Les frontaliers travaillant dans les cantons de Berne, Soleure, Bâle-Ville, Bâle-Campagne, Vaud, Valais, Neuchâtel et Jura sont imposés uniquement en France (aucune retenue en Suisse), selon la convention fiscale franco-suisse. Pour les autres cantons (Zurich, Argovie, Tessin, etc.), l’imposition se fait entièrement à la source en Suisse, et vous devez ensuite déclarer vos revenus en France pour éviter la double imposition.

Contrôles et respect de l’obligation de retour

Certains cantons comme Genève effectuent des contrôles réguliers pour vérifier que les frontaliers respectent bien l’obligation de retour hebdomadaire et résident effectivement dans la zone frontalière autorisée. D’autres cantons sont moins stricts dans leurs contrôles, mais la règle reste la même partout.

Renouvellement automatique ou manuel

Dans certains cantons, le renouvellement du permis G se fait quasi automatiquement si vous êtes en CDI et que votre situation n’a pas changé. Dans d’autres, vous devez refaire une demande complète tous les 5 ans avec l’ensemble des justificatifs.

Télétravail

Depuis la pandémie de COVID-19, les cantons ont des positions différentes sur le télétravail. Certains cantons tolèrent jusqu’à 40% de télétravail depuis le domicile en France sans impact sur le statut frontalier ou la fiscalité, à condition de respecter les accords bilatéraux. D’autres sont plus restrictifs. Les règles évoluent régulièrement, et des accords spécifiques ont été signés entre la Suisse et la France pour encadrer cette pratique.

Ces variations expliquent pourquoi il est essentiel de se renseigner précisément auprès des autorités du canton dans lequel vous allez travailler pour connaître les règles exactes qui s’appliqueront à votre situation.

L’obligation de retour hebdomadaire

Pour conserver votre statut de frontalier, la législation suisse impose une obligation de retour : vous devez regagner votre domicile principal situé en zone frontalière au moins une fois par semaine. Autrement dit, vous ne pouvez pas rester en Suisse du lundi au vendredi pendant plusieurs semaines consécutives sans rentrer chez vous.

Concrètement, cela signifie que vous devez rentrer à votre domicile en France (ou dans votre pays de résidence) au moins une fois tous les 7 jours. La semaine est généralement considérée du lundi au dimanche. Par exemple, si vous rentrez chez vous le vendredi soir et repartez en Suisse le lundi matin, vous respectez cette obligation. Certains frontaliers louent un petit appartement ou une chambre en Suisse pour la semaine et rentrent chez eux chaque week-end.

Cette règle garantit que vous maintenez un lien réel avec votre pays de résidence et que la Suisse n’est pas devenue votre lieu de vie principal. En pratique, la grande majorité des frontaliers (environ 80%) rentrent quotidiennement chez eux, mais certains, en raison de la distance ou de l’organisation de leur temps de travail, peuvent opter pour un retour hebdomadaire.

Comment cette obligation est-elle contrôlée ?

Les autorités suisses peuvent effectuer des contrôles pour vérifier que vous respectez bien cette règle. Ces contrôles peuvent prendre plusieurs formes :

  • Vérification lors du renouvellement du permis G
  • Contrôles inopinés à votre domicile en Suisse si vous y louez un logement
  • Demande de justificatifs de résidence (factures d’électricité, eau, internet à votre adresse en France, relevés de compte montrant des dépenses dans votre pays de résidence)
  • Vérification des abonnements de transport (badge de télépéage, abonnements CFF ou SNCF)

En cas de non-respect de cette obligation, vous risquez le retrait de votre permis G, car vous seriez considéré comme résidant de facto en Suisse sans autorisation appropriée. Vous devriez alors demander un permis B (résidence), ce qui implique de déménager officiellement en Suisse avec toutes les conséquences fiscales et sociales que cela comporte.

Exceptions à l’obligation de retour

Il existe quelques situations où vous pouvez déroger temporairement à cette règle sans perdre votre statut :

  • Raisons professionnelles : si votre employeur vous envoie en déplacement professionnel ou en formation en Suisse pendant plusieurs jours consécutifs, cela ne remet pas en cause votre statut, à condition que ce soit exceptionnel et justifié.
  • Raisons médicales : en cas d’hospitalisation ou de problème de santé nécessitant de rester en Suisse, vous pouvez en informer les autorités cantonales.
  • Périodes de vacances : si vous prenez des vacances en Suisse et ne rentrez pas chez vous pendant cette période, cela reste acceptable tant que vous n’exercez pas d’activité professionnelle.

Dans tous les cas, ces exceptions doivent rester ponctuelles et ne pas devenir la norme.

La fiscalité du frontalier

Elle varie significativement et c’est souvent l’élément le plus complexe à comprendre :

Pour les frontaliers français :

  • Si vous travaillez à Genève : prélèvement à la source en Suisse (barème progressif de 0 à environ 20% selon le revenu) + déclaration en France avec crédit d’impôt pour éviter la double imposition. La Suisse reverse 3,5% de votre salaire brut aux communes frontalières françaises.
  • Si vous travaillez dans les 8 cantons suivants (Berne, Soleure, Bâle-Ville, Bâle-Campagne, Vaud, Valais, Neuchâtel, Jura) : aucun impôt en Suisse, imposition uniquement en France selon le barème progressif français (de 0 à 45%).
  • Si vous travaillez dans les autres cantons (Zurich, Zoug, Argovie, Tessin, etc.) : imposition à la source en Suisse (taux variable selon le canton, entre 12% et 25% en moyenne) + déclaration en France avec crédit d’impôt.

L’assurance maladie du frontalier

L’assurance maladie offre plus de flexibilité aux frontaliers français grâce au droit d’option :

  • Vous avez 3 mois après le début de votre activité pour choisir entre :
    • CMU française : cotisation basée sur les revenus (environ 8% du revenu pour un frontalier), accès au système de santé français, remboursements français, possibilité de prendre une mutuelle complémentaire française.
    • LAMal suisse : prime fixe mensuelle de 200 CHF par mois pour les adultes de plus de 26 ans (pour la caisse la moins chère, Helsana en 2025), avec des primes réduites pour les jeunes de moins de 26 ans. Vous pouvez vous faire soigner en Suisse et en France, mais attention : pour les soins en Suisse, vous devez payer une franchise annuelle obligatoire de 300 CHF (les 300 premiers francs de soins restent à votre charge), puis une quote-part de 10% sur vos frais médicaux, plafonnée à 700 CHF par an
  • Ce choix est définitif sauf changement majeur de situation (mariage, naissance, perte d’emploi).
  • Si vous ne faites aucun choix dans les 3 mois, vous serez automatiquement affilié à la LAMal suisse, au sein d’une caisse maladie que vous ne choisirez pas, et donc pas la moins chère !

Dans les deux cas, que vous choissisez la LAMal ou la CMU, une mutuelle complémentaire reste vivement recommandée pour couvrir les frais qui restent à votre charge !

La stabilité du statut “Permis G”

A savoir sur le permis G pour les frontaliers :

  • Le permis est lié à votre contrat de travail : si vous perdez votre emploi, vous avez 6 mois pour retrouver un travail en Suisse, sinon votre permis G expire.
  • Si vous changez d’employeur, vous devez refaire une demande de permis G (procédure simplifiée, mais obligatoire).
  • Si vous déménagez hors de la zone frontalière autorisée, vous perdez automatiquement votre statut de frontalier. Vous devrez soit chercher un emploi dans votre nouveau pays de résidence, soit demander un permis B pour résider en Suisse.
  • Renouvellement tous les 5 ans pour un CDI, durée du contrat pour un CDD.

Les cotisations sociales et la retraite

Cotisations au système suisse AVS/AI/APG (environ 10,6% du salaire, partagé moitié employeur / moitié employé) pour la retraite de base et l’assurance invalidité.

Cotisations à la LPP (2ème pilier, caisse de pension professionnelle obligatoire) : entre 7% et 18% du salaire selon l’âge, partagé entre employeur et employé. En cas de départ définitif de Suisse, possibilité de récupérer le capital LPP sous certaines conditions.

Assurance chômage suisse : en cas de perte d’emploi, vous vous inscrivez au chômage dans votre pays de résidence (Pôle Emploi en France), mais c’est la Suisse qui finance vos indemnités pendant une certaine période (selon les accords bilatéraux). Le montant est calculé selon les règles suisses (environ 70 à 80% du dernier salaire, plafonné).

Accumulation de trimestres/années de cotisation qui comptent pour votre retraite : les années travaillées en Suisse sont prises en compte dans le calcul de votre retraite française grâce aux accords de sécurité sociale UE. Vous toucherez une retraite suisse (AVS + LPP) et une retraite française (si vous avez aussi cotisé en France).

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